Les bâtiments neufs présentent une meilleure efficacité énergétique mais ils restent encore peu nombreux à Genève. En Suisse, les trois quarts de bâtiments ont été construits avant les années nonante. Avant d’entreprendre des travaux importants de rénovation énergétique (travaux d’isolation, changement de fenêtres ou de la toiture, remplacement de chaudière), il est préférable de connaître le comportement thermique d’un bâtiment. Une solution développée par l’entreprise genevoise E-nno permet d’en connaître le profil. Ce boîtier s’installe en quelques heures dans tous les types d’immeuble.
Entretien avec Mael Perret, CEO de E-nno
En quoi consiste votre solution?
D’une part, nous essayons de capitaliser sur les informations collectées par notre box pour effectuer un diagnostic énergétique précieux avant d’engager des travaux. Les données sont plus fines que de simples relevés de facturation.
D’autre part, nous proposons une solution innovante qui donne une information plus juste à la chaudière. Aujourd’hui, la plupart des systèmes prennent en considération une sonde de température unique installée sur la façade froide du bâtiment alors que notre solution va s’appuyer sur trois à six points de mesures.
Une chaudière classique n’anticipe pas le comportement thermique du bâtiment et les variations climatiques. Il arrive parfois par temps froid que les résidents soient amenés à ouvrir grand les fenêtres, simplement parce que leur intérieur est trop chaud. Relâcher des calories et donc du CO2 et de l’argent dans l’atmosphère peut être éviter.
Comment s’est déroulée la collaboration avec Pilet & Renaud SA?
Nous avons procédé aux premiers tests l’an passé. Sur le premier bâtiment, nous avons installé la solution tardivement dans la saison de chauffe. Nous avons effectué une analyse globale du parc immobilier puis nous avons sélectionné un patchwork de cinq bâtiments de différents types, dont le potentiel nous semblait pertinent pour cette phase de test.
L’objectif est aussi aujourd’hui est de trouver de nouveaux modèles attractifs car il reste à convaincre les propriétaires qui n’ont pas forcément envie de débourser le coût de l’installation (environ 6000 CHF) en dépit des économies facilement atteignables. Nous imaginons un système de location sur cinq ans pour que l’installation engage peu de frais pour les propriétaires: au final, les locataires pourront bénéficier des économies réalisées.
Comment fonctionne le système?
Cette solution totalement développée en Suisse consiste à installer un boitier discret connecté à notre centre de données situé à Gland. Les relevés de températures seront traitées par l’algorithme pour définir le profil du bâtiment. Couplée aux données de MétéoSuisse, il s’agit de prévoir le comportement thermique du bâtiment. Non seulement, la température extérieure prévue pour les prochaines heures est intégrée mais aussi le vent (bise ou foehn), l’hygrométrie (humidité), l’ensoleillement etc…
Tous les quarts d’heure, le boitier donnera l’ordre à la chaudière de produire autant d'énergie que nécessaire pour les six prochaines heures. Si le stratus se dissipe plus tôt que prévu au profit du soleil, l’indication est donnée en temps réel à la chaudière pour anticiper favorablement cette hausse des températures.
Quelles sont les caractéristiques?
Le système est non intrusif dans les logements. Aucun capteur n’est installé dans les appartements, chaque résident continue à décider pleinement du réglage des ses radiateurs. Le chauffagiste habituel garde également la main sur son installation. Le boitier constitue juste une interface pour optimiser les consignes destinées à la chaudière. En cas de maintenance ou de défaillance informatique, le boitier se déconnecte et la chaudière continue de fonctionner de manière imperceptible pour les résidents de l’immeuble.
Quels sont les résultats ?
Nous obtenons une performance moyenne de 17% sur la consommation de chauffage. Il y a un gisement d’économies faciles à atteindre. Dès lors que nous installons un boitier, il faut pendant trois mois étudier le comportement du bâtiment. Après cette phase de référence, une optimisation est engagée. Enfin à l’issue de la période de chauffage, un rapport est éditée pour mesurer les économies et la baisse des émissions de CO2. Sur l’un des bâtiments testé avec Pilet & Renaud SA, nous avons obtenu en seulement trois mois une économies de 4600 CHF. Cela représente une économie de 21% d’économie qu’il convient de relativiser par le fait que les habitants étaient présents en raison du semi-confinement. Soulignons aussi que le printemps fut relativement doux.